
Anthony Verlaine, L’Haven-turier
6 TOURS DU MONDE AU COMPTEUR, 2 ÎLES EN SUÈDE POUR PROPRIÉTÉS, 1 CAMP DE BASE À ANNECY : SUFFISANT POUR AVOIR ENVIE DE PISTER L’AVENTURIER ANTHONY VERLAINE. À VOS BASKETS, C’EST QU’IL FAUT SUIVRE…
Qui n’a jamais rêvé de poser ses valises sur une île déserte ? Mais de là à se la payer… Et pourtant… “Après avoir cherché un lieu parfait pendant 15 ans, dans 118 pays, un aventurier annécien achète des îles perdues en Suède pour y construire un projet fou ! Vous pouvez même les lui louer !” L’annonce a de quoi aiguiser notre curiosité… Mais qui peut-il bien être ? Votre voisin peut-être… Comment est-il possible de devenir propriétaire d’îles, ou simplement de le vou loir ? Surtout celles-là même qu’aucun Suédois n’oserait ache ter ?! Et pour en faire quoi ? C’est l’histoire d’un grand qui a réalisé son rêve de gosse. Le cheminement d’un explorateur jamais rassasié de curiosités, d’un citoyen de notre planète, engagé à la préserver.
Entre Peter Pan et Indiana Jones, le French Adventurer
Il se définit comme un “explorateur, créateur… un rêveur !”. Pas fan de se mettre en scène, ce n’est pas dans son ADN, un ami lui ouvre pourtant un compte Insta en janvier 2015 : quitte à parcourir le monde, autant partager ses instantanés ! 97 000 aventuriers sur canapé le suivent à ce jour. Pas mal… Sur son compte : exit les clichés ! Place au contenu, au vécu in situ. De quoi faire rêver ! A l’inventaire de ses aventures : de grandes traver sées de déserts, des vadrouilles en pleine jungle, le tour des pôles, des montagnes escaladées et autres périples en des lieux reculés de ce monde, le tout non motorisé, mais ultra motivé. Par les rencontres essentiellement. Mais d’où lui viennent ces fourmis dans les jambes ?

Je voulais être Hulot, Cousteau, Jack London…
”Explorateur ? Ce n’est pas un vrai métier !”, lui rabâche-t-on enfant. Explorateur, il l’est devenu.
Élevé modestement par une mère postière, il passe les 20 premières années de sa vie à errer dans les quartiers difficiles de Grenoble. À rêver de parcourir ce monde. Ses échappatoires : les sports de com bat et les vieux guides de voyage dénichés aux marchés aux puces. Le gamin a de la suite dans les idées. Bosseur, il fera de grandes études au Canada, à Paris et aux Etats-Unis, occupera des postes de diplomate, voyagera aux quatre coins du monde, un monde où son quotidien l’amène en zones de conflits, de crises humanitaires, de famines et d’inégalités – triste planète ! – jusqu’à saturation.
“Je me suis rendu compte que je n’étais pas dans la bonne direction ! Je ne voulais plus jamais être un mouton ou un berger, désormais j’allais être un loup !” A lui l’adrénaline, le dépassement de soi et les aventures extraordinaires, très sou vent risquées, soit, mais toujours inoubliables. Il veut vivre désormais à sa façon ! Et change de cap : tout quitter pour faire le tour du monde, SON tour du monde, sans projet, sans budget, sans durée limitée, tel un défi lancé à lui-même. Et relevé.
Prêt pour l’aventure…
“On ne devient pas aventurier comme ça, du jour au lendemain. Mais dans la vie tout est possible quand TU le décides !”. Ok ?
Seriez-vous prêt, vous, à traverser le continent africain à pied, à vélo et en traction animale, en to tale autonomie, du Cap au Caire, soit quelques 10 214 km ? Lui, il l’a fait. On monte d’un cran ? Que di riez-vous de parcourir à pied, seul, sans arme et sans assistance, le territoire du Denali en Alaska ? On y croise une quantité impres sionnante de grizzlys, ours noirs et loups. Même pas peur… Il l’a fait également. Comme traverser une partie du désert le plus aride de la planète, celui d’Atacama, du Chili jusqu’à la Laguna Blanca en Bolivie, en passant par le volcan Juriques à 5704 m, toujours à pied et en solo… On n’entend plus une mouche voler…
En solo… mais pas sans les autres ! Il avance au gré des rencontres : “je laisse venir les gens à moi”. Et qu’importe s’ils ne parlent pas la même langue, on se comprend autrement. Comme dans cette tribu avec laquelle il vivra quelques temps, qui ne communique que par les yeux : “ils m’ont appris à cueillir, chasser, faire du feu !”. Au jourd’hui, grâce à cet apprentis sage hors normes, Anthony organise des stages de survie.
Des îles pour Robinson
“Les chercheurs d’or construisaient leur maison en bois, en Alaska, ils allaient pécher sur le lac glacé, étaient encerclés de loups…”. Son rêve ! “J’ai cherché à atteindre ce rêve pendant 15 ans.” Jusqu’à ce jour de janvier 2023 : deux iles suédoises sont à vendre. Personne n’en veut. Trop isolées, elles se situent sur un immense lac entouré de 300 km de forêts jusqu’à la Norvège d’un côté, 480 km jusqu’à Stockholm de l’autre. L’agent immobilier lui donne rendez-vous en mai… Pas question d’attendre. Économies en poche, direction la Suède : “là-bas, je trouve un camping-car – les voitures ne peuvent pas circuler avec la neige je roule 8h dans la tempête… Une fois arrivé, je me suis mis à pleurer direct, c’était le déclic !”. Il remet à l’agent immobilier l’enveloppe de 20 ans d’économies, le prix pour acheter sa place au paradis… Comme une revanche sur la vie, sur ses débuts grenoblois difficiles et une consécration à celle qu’il a choisie. En chemin, il croise la route du propriétaire – heureux hasard -, un homme de 82 ans, lui aussi voyageur. La suite est un film : 4 jours “dans une relation grand père/petit-fils : je lui apprends à se baigner dans l’eau glacée, il m’apprend à pêcher ici…”. Il y a du Jack London dans l’air… L’audace et son intention primeront : il volera même la vedette à un grand studio de cinéma américain en quête de beau décor.

Il y a avant… et Haven !
Lui va bien au-delà, et crée « The Haven Islands » : “un havre de paix où humains et animaux se sentent heureux et libres en pleine nature”. Il y construit 2 « cabanes », dans les règles de l’art, une sur chaque île, aidé par les voisins lointains et des
bénévoles, “des mecs de la forêt.” Un défi technique : chaque matériau est amené à pied à travers la forêt, puis en barque jusqu’aux îles ! Sur la première, L’Ours est un ovni architectural, sur l’autre, le Loup est un chalet sur pilotis. Il se découvre bûcheron, au cœur d’un parc protégé. Une autre vie, où vous êtes conviés… Nul besoin d’être de sa trempe pour mettre le cap sur « Haven ». Tout au plus savoir ramer. Avec pour promesse, à l’arrivée, de se ressourcer, se reconnecter. Le bouche à oreille fonctionne, Instagram aussi, attirant Belges, Suisses, Québécois, Mexicains, Japonais, Canadiens, Scandinaves… L’Aventurier et instructeur Wim Hof encadre des stages givrés et étoilés. “Lors des aurores boréales, ou des « mother of clouds », tu es comme sous hallucinogène ! J’aime le passage des oies venues du Groenland, les loups qui crient… et le silence infini d’ici !”. Libre à vous de jouer, autour, les explorateurs en herbe au cours de randos prometteuses de 1001 aventures…
Des aventures sur papier
Besoin d’inspiration ? Qu’à cela ne tienne, l’éditeur Lonely Planet a proposé à Anthony de raconter ses épopées dans un ouvrage. “Ils m’ont contacté un 24 décembre, en 2022, un drôle de cadeau ! Je me suis lancé ! J’ai sélectionné 50 aventures pour donner envie à chacun de sauter le pas et de voyager en mode outdoor.” Le livre vient de sortir. Dans « Aventures autour du monde », on part pour le Lesotho à cheval, la descente du Nil en felouque, en canoë sur le Yukon, à pied dans désert du Wadi Rum jusqu’à Petra, Zermatt/Chamonix en ski de rando… Un livre préfacé par Mike Horn, son idole de toujours, celui qu’Anthony affichait en poster dans sa chambre d’ado ; il n’en revient toujours pas. Et pourtant c’est bien le plus grand explorateur des temps modernes qui écrit : “Chaque aventure est plus qu’une quête personnelle, c’est une histoire à transmettre. Anthony Verlaine perpétue cet esprit avec audace. Il vous invite à sortir de votre zone de confort et des sentiers tout tracés, pour revenir à l’essentiel et rejoindre cette grande danse avec la nature.” Et Mike Horn sait de quoi il parle ! Anthony aussi…
Retour au camp de base
Anthony se fait maintenant Ambassadeur du Lac d’Annecy. “Quand tu as grandi à Grenoble, s’installer à Annecy est un signe de réussite !” sourit-t-il. Il en est tombé amoureux : “Il y a peu d’endroits sur cette terre où tu peux partir à la frontale en ski de rando, et, après avoir bien mangé, faire du kayak, du paddle ou de l’apnée : Vancouver, Le Cap ET Annecy !”. A-t-il un autre rêve ? “Un border collie, une chérie et des enfants…”. A l’aube de ses 40 ans, l’explorateur (de sa vie) vient de trouver un 3e nid, toujours en Suède. À Annecy, il a posé ses cartons. Quant à ses valises, c’est une autre histoire…