Quand Merlette tourne à l’envie…
Rendez-vous sur leur planète terre qui tourne, tourne… bien rond. Ils sont céramistes, à Annecy et tout près : chacun son style et tous du talent. “C’est un rêve de vie”, confie Laurène Cordier, alias Merlette (céramique), la première de notre casting. élément’terre ! Tout est dit, ou presque… Direction son atelier, au cœur des Forges de Cran.
Pour rejoindre Laurène, il faut passer la barrière d’entrée de ce site industriel au prestige révolu. La barrière mentale aussi, celle du gris ambiant, de la friche, un brin fantomatique… graphique et mystique à la fois.
Il est difficile d’imaginer qu’il y ait ici âme qui vive, encore moins qui crée. Intrigant. Ohééé ! Y a quelqu’un ? Contraste saisissant, Laurène apparaît comme un soleil, de son tablier vêtue, lunettes vissées sur le nez, cheveux et sourire bien accrochés. L’apparition d’une artiste éclairée, la décontraction propre aux bienheureux. Enfin de la lumière ! Ouf. On entre ?
Au bout du couloir d’une petite annexe des Forges : son atelier tout illuminé et enguirlandé. D’un autre temps aussi, vintage à souhait. Un peu de chaleur humaine… Un vrai cabinet de curiosité ! On ne sait où regarder, tant il y a d’objets exposés. Tout est organisé : son four, 4 tours pour les cours qu’elle donne, une collection d’émaux faits maison, une étagère de séchage pour les pièces fraîchement tournées, une autre pour ses œuvres prêtes à partir, une troisième avec des essais, nombreux… Car Laurène « tourne en boucle ». “Je suis un tourbillon ; dès que je pense à un truc, je me mets à tourner”, avoue l’illimitée. Un an qu’elle a posé son talent aux Forges, 3 ans pour la révélation (lors de cours à la MJC des Romains), qui a tourné à l’idée fixe après une formation plus poussée. “Je suis devenue obsédée ! J’ai tourné tout l’été dans l’appartement de mes parents à Annecy - que j’ai ruiné, l’appart, pas mes parents ! (rires) - et j’ai envahi mes colocs avec mes bols créés sur un coin de table de cuisine. Je dormais peu. J’avais besoin de tester, de me perfectionner”.
Petite, elle se voyait couturière avec des mains qui la démangent, comme elle dit. Mais c’est les mains dans la terre qu’elle exprimera le mieux son art.
Par ici les Poulettes !
Immanquable ! Cette couvée de tasses, mugs et pichets, dotée d’un bec et d’une crête. Mais quelle idée ?! “Quand j’étais en formation sur le plateau du Vercors, dans une ancienne ferme, il y avait des lapins et des poules ; des poules qui s’étaient mises à picorer mes pièces de travail !” Bingo ! On en parle de la cloche à rebloch’ ? Fallait l’inventer aussi, bon gré mal gré, et en grés de Saint Amand s’il vous plaît. Tops, les appliques esprit « on dirait le Sud » et les vases en terre brute. La prochaine idée ? Merlette en a plein la tête. “Aucun risque que je ne m’endorme sur une série !” A suivre, dans un prochain atelier qu’elle cherche… Les Forges devraient définiti-
vement fermer. Avis aux inspirés…