Alain Michel devanture de la boutique à Annecy

Alain Michel, une histoire de famille

Le 2 décembre 2024

En cherchant récemment les mystères d’Annecy pour un article, j’avais eu vent des rumeurs de l’existence de souterrains cachés sous le château, ayant servi d’abris en vue de la guerre de 14-18, maintenant transformés en cave à fromages. Quelle ne fût pas ma surprise lorsque que les fromagers d’Alain Michel nous emmenèrent dans la vieille ville à la découverte de leur cave naturelle… précisément celle des rumeurs ! Mystère résolu !

L’occasion de découvrir cette crémerie iconique d’Annecy à travers le portrait des trois générations qui l’ont faite. Une interview exclusive par Annecy Bouge.

Alain Michel, son père Raymond et son fils Jules nous répondent.

Annecy Bouge : C’est qui au juste Alain Michel ?

Alain : C’est moi sur le principe ! On est réunis tous les trois aujourd’hui pour la transmission qui a été faite de mon père à moi et maintenant à mon fils. C’est une belle histoire de famille Alain Michel.

Comment est née la première boutique ?

Raymond : J’ai acheté la première boutique aux enchères, mais en fin de compte c’est pas la première boutique qui m’ intéressait, ce qui m’ intéressait c’est la cave parce que des caves comme ça à 100 m de magasin c’est exceptionnel. Je pouvais monter un magasin ailleurs mais les caves comme ça c’est extraordinaire. C’était en 1969 que j’ai acheté la première boutique au 3 rue du lac, à Annecy.

Qu’est-ce qui a changé à Annecy depuis l’ ouverture de cette première boutique ?

Raymond : J’ai calculé le nombre de clients qui passent sur le trottoir devant le magasin et quand je vois aujourd’hui ça n’a rien à voir. C’est pas possible, c’est impensable même.

Est-ce que vous avez un souvenir ou une anecdote sur cette boutique ?

Raymond : Des anecdotes, j’en ai plein ! J’ai l’histoire de bons client, une belle femme un beau monsieur qui attendaient pour se faire un servir je pensais qu’ils étaient ensemble et en fin de compte je me suis dit que peut-être ce serait bien de demander au monsieur s’il était avec madame alors je pose la question, et il m’a répondu « Ah je voudrais bien ! » [rires].

Combien coûtait un reblochon à l’ouverture de la boutique ?

Raymond : C’était en francs ! A mon avis moins de cinq francs de l’époque.

Alain Michel, Jules Michel, Raymond Michel dans leur cave à Annecy le vieux.

De quoi est-ce que vous êtes le plus fier ?

Raymond : Je suis fier parce que le fromage c’est une question de familiale puisque mon grand-père paternel est déjà un fabricant de beaufort dans le Beaufortain en Tharentaise. Ensuite mon père est diplômé de l’ école nationale d’ industrie laitière, moi j’ai travaillé avec mon père pour fabriquer du reblochon, de la tomme et de l’affinage et ensuite j’ai passé ma suite à Alain quand Alain voulait prendre au magasin. Je lui dis tu viens un an chez moi tu regardes si ça te plaît ou pas et en fin de compte au bout d’un an il m’a dit OK.

Alain, c’est quoi une enfance dans une fromagerie ?

Alain : Fromagerie mais surtout commerçant ! Tu apprends très rapidement à travailler et en l’occurrence à la maison il y avait des caves d’affinage et mon père avant de m’autoriser à aller à la plage il me faisait passer à la cave pour tourner les fromages et c’est comme ça que j’ai appris le métier déjà à 14 ans à tourner les fromages à la maison; puis après tu viens au magasin vendre un pot de crème et des yaourts, et puis après tu vends du fromage, tu coupes du fromage… Tu grandis dans le fromage et tu deviens commerçant dans le fromage. Après mon parcours était différent parce que j’étais restaurateur pendant 15 ans j’ai fait plein de choses dans ma vie avant de revenir reprendre l’affaire familiale y a plus de 20 ans.

Est-ce que reprendre l’affaire ça a été une pression ou un honneur ?

Alain : Une chance ! Une chance que le commerce a pu perdurer à Annecy. Je suis fier de pouvoir continuer l’histoire et peut-être aujourd’hui et fier de transmettre l’histoire donc on verra comment Jules va continuer là-dessus. De génération en génération l’ esprit Michel perdurera.

Alain Michel (à droite), son père Raymond (au centre) et son fils Jules (à gauche)

Jules, est-ce que tu as envie d’apporter une touche de jeunesse dans l’entreprise ?

Jules : Bien sûr c’est une grande envie je fais des études pour, et je suis fan de fromage ! J’ai envie aussi de continuer le flambeau familial.

Est-ce qu’ils t’ont transmis tous les secrets de sa fabrication ?

Jules : Peut-être pas encore mais une grande partie ! [rires]

C’est quoi le pire cliché sur les fromager ?

Jules : Très bonne question !

Alain : Les fromagers ça pue. [rires] Mais en fait le fromage ne pue pas, il sent, c’est pas pareil.

De vous trois qui est le plus exigeant ?

Raymond : Je sais pas si c’est moi, en tout cas moi je suis très exigeant sur la qualité et surtout le service aux clients.

Alain : On a tous notre exigence, même Jules. Après les exigences sont différentes par rapport à l’évolution du temps et des années. On travaille pas la même manière on travaille pas avec les mêmes personnes et les générations se suivent aussi dans les collaborateurs qui n’ont pas les mêmes envies. On s’adapte aussi à chaque époque et l’exigence de la transmission de la qualité du produit, c’est ce qu’on fait chez nous. Mais on est peut-être un peu moins exigeants sur le sur le personnel, sur collaborateurs pour les garder et pour les fidéliser. Aujourd’hui faut faire attention aussi à tout ça.

Est-ce qu’il y a un fromage que vous n’aimez pas ?

Jules : Moi le Roquefort.

Raymond : Moi j’aime tout.

Alain : En fait on aime tous les fromages parce qu’ il y a des heures pour manger du fromage. Par exemple le Comté réservation extra que je mange en fines lamelles vers 17 heures au magasin. C’est juste à ce moment-là entre deux repas et où tes papilles sont en éveil que tu décèles tous les parfums du fromage. Le Comté à 17 h pour moi c’est important.

Annecy Bouge : C’est le goûter du fromager. [rires]

Est-ce que vous avez des traditions familiales ?

Raymond : La tradition familiale chez nous c’est le fondue Michel qui est travaillée à notre manière, macérée avec le vin blanc un certain temps.

Jules : Et c’est vendu prêt à déguster ensuite.

Il y a une saison pour manger la fondue ?

Jules : Non !

Raymond : Oh au moins 10 mois de l’année.

Alain : A la maison on mange la fondue du 15 août. C’est la période où il y a juste un petit mauvais temps, un petit coup de froid et on consomme la fondue le 15 août. Et maintenant dans mes magasins vous retrouvez la fondue Michel toute l’année. Avant on l’arrêtait pendant deux mois ou plus, mais maintenant il y a une demande annuelle parce que en plus on sert les restaurateurs. Cette fondue elle est faite pour les professionnels donc du coup elle est aussi en vente dans tous les magasins toute l’année.

Et vous êtes plutôt fondue Suisse ou fondue Savoyarde ?

Tous les trois : Savoyarde évidemment !

Alain : Mais on peut pas dire que la fondue Suisse est pas bonne c’est pas vrai, parce qu’ elle est en vente aussi dans mes magasins et la fondue Suisse de nos amis suisses comme je les appelle méritait aussi de l’étal de mes magasins

Jules : Deux fondues très différentes

Annecy Bouge : C’est pour les deux mois de l’ année qui reste c’est ça ? [rires]

C’est quoi votre fromage préféré ?

Jules : Le Moelleux du Père Michel

Raymond : Moi aussi le Moelleux du Père Michel parce que c’est moi qui l’ai mis en activité du fermier jusqu’à l’affinage, donc je suis assez satisfait de cette réussite.

Alain : Et oui c’est fromage signature de chez Michel. Une très belle histoire le fromage été créé pour les 1000 ans de l’abbaye de Talloires qui nous a demandé de créer ce fromage; et après beaucoup d’essais plus ou moins réussis aujourd’hui on a un fromage élaboré et réussi. Et il s’appelle le Moelleux père Michel en l’honneur de mon père qui aujourd’hui viens deux fois par semaine s’occuper de ses fromages. C’est lui qui les affine et qui apporte les soins nécessaires donc c’est une grande fierté et une grande réussite au bout de tant d’années de passion fromagère.

Retrouvez Alain Michel dans tous ses magasins :

Crémerie du Parc
2 rue Centrale
74940 ANNECY LE VIEUX

Crémerie des Aravis
6 Place du Petit Casino
74220 LA CLUSAZ

Crémerie du Thioux
11 avenue de la république
74960 CRAN GEVRIER

Crémerie des Halles
HALLES SAINT MARTIN
74370 FILLIÈRE

Crémerie des Charmilles
205 route d’Annecy
74370 PRINGY

Crémerie du Lac
3 rue du Lac
74000 ANNECY

Crémerie de Salève
57 Route d’Annemasse
74160 COLLONGES-SOUS-SALÈVE

Voir leur site web