Dans les traces de Baptiste Sjöström
Lorsque l’on est le fils du photographe Christoffer Sjöström et de la championne de ski acrobatique Raphaëlle Monod, la pression, même si personne ne vous la met, est bel et bien là, tapie dans un coin. À moins de réussir la parfaite synthèse entre les talents de l’un et de l’autre en devenant réalisateur de films de montagne ! Et il l’a fait ! Inspiration ? Sans doute ! Talent ? Assurément !
Des flocons dans les yeux
Entre l’école et Baptiste, ce n’est ni la fracture totale ni l’amour fou, une relation platonique, sans plus. Pourtant l’option « cinéma-audiovisuel » qu’il suit au lycée Saint Joseph de Thônes lui ouvre un intervalle. A partir de là, il filme ses copains à ski ou à vélo, juste pour le fun. Quelques compét’ de ski et de freeride plus tard, un œil tourné vers l’objectif de son père et la carrière de sa mère comme sources d’influence, Baptiste observe, s’imbibe, engrange.
Puis met les mains dans le montage. Une première fois, pour Candide Thovex, que son père a suivi pendant 10 ans et qui le contacte pour faire une sorte de making-off du tournage d’une pub de voiture aux anneaux presque olympiques.
Et les pieds dans le tournage, toujours aux côtés de Candide qu’il suit pendant toute une saison dans son QG de La Clusaz.
Dérapage contrôlé
De là, tout s’enchaîne. Baptiste se lance à fond dans la réalisation de films de glisse, en freelance et en freestyle, sans vraiment avoir de formation. Juste l’instinct dans le viseur et l’envie dans les tripes. Les potes skieurs qui grimpent et décrochent des sponsors lui proposent des projets, du plus petit au plus gros. Jusqu’à réaliser un premier vrai film scénarisé avec « Good Medicine » produit par la marque Arc’teryx. Un projet qui le conduit en Norvège où il suit 6 skieurs, mais cherche à dévoiler leur état d’esprit en dehors de leur pratique. Un axe créatif tout nouveau que Baptiste se plaît à explorer cherchant des instants plus introspectifs, des regards plus intimes, révélant ces moments furtifs où l’on sent la connexion de l’un à l’autre et avec le milieu dans lequel ils s’immergent. “Je n’ai pas vraiment fait de travail d’écriture en amont, le fil s’est tissé sur le vif, mais pour la première fois je me suis confronté à quelque chose de plus narratif et c’est vraiment dans ce sens que je veux aller.”
Le vent dans la peuf
Bercé par l’univers de la glisse, Baptiste Sjöström présente un film chaque année au High Five Festival depuis 2019.
Edition 2023, il reviendra une fois encore, comme le petit prince de la planète ski, avec un film consacré à Max Palm, ce freerider en pleine ascension qu’il suit depuis maintenant deux ans à bout de spatule. Entre compétitions, échecs, succès, blessures et remises en question, “le fait que la collaboration s’étale dans le temps me permet vraiment de raconter qui il est”, Baptiste se sert de l’effet de surprise de certaines prises et des imprévus du calendrier pour bâtir son histoire. Ce film, encore en cours de montage, est sans doute celui dans lequel le jeune réalisateur apporte le plus sa touche artistique. Biberonné aux dernières tendances et inspiré par le dessin autant que par la photo, par la musique autant que par la peinture, Baptiste a l’objectif grand angle toujours activé.
Pluie d’étoiles
A seulement 24 ans, de méga productions pour des pubs télé et même un film pour Netflix bientôt sorti (Society of the snow), en envies personnelles plus affûtées, Baptiste rebondit d’un projet à un autre, sans rien prévoir.
Après cette dernière collaboration avec le réalisateur de Jurassic World, rien ne le retient de partir cet automne en Ethiopie. Il y suivra un personnage local qui a créé une école de rue pour initier les jeunes au tennis ! Version documentaire pour ce nouveau challenge, bien loin de nos sommets et des 50 millions de budget, mais sans doute plus proche des aspirations du jeune talent qui confie son intérêt pour les histoires humaines, sans fard, mais bien fartées.
Passeport culturel
Ton livre totem ?
« La frontière invisible » de Kilian Jornet
Ton inspiration artistique ?
Tout ! Expos photos, d’art, festivals, cinéma, musée, magazines… l’inspiration est partout, tout le temps !
Ton film culte ?
Les bronzés font du ski, bien sûr !
Ton réalisateur favori ?
Rubben Östlund, pour son parcours inspirant (réalisateur suédois qui a commencé par réaliser des films de ski avant de remporter 2 Palmes d’Or à Cannes pour The Square et Sans Filtre – NDLR).
La musique que tu kiffes ?
Hip-hop, Disco…
Ton lieu ressource ?
La Baie de Talloires, magique.
Ton adresse préférée ?
Lo Garâjo, une adresse lounge sur les hauts de Manigod qui mêle artisanat local et rendez-vous culturels dans un café-concept qui a du caractère.
Ton expo, concert ou spectacle du moment ?
Le Champ des Platines, des concerts au cœur des alpages de La Clusaz.
La personnalité savoyarde que tu admires ?
Candide Thovex, le premier à m’avoir fait confiance.