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Les histoires du Pélican (tome 2) : drôle d’oiseau !

Le 20 juin 2024 par Lara ketterer

À N’EN PAS DOUTER, CE PÉLICAN REMPORTE LA PALME ! À L’ÉCOUTER, IL A EU MILLE ET UNE VIES ! LA DERNIÈRE EN DATE, IL LA PASSE SUR UN HÔTEL D’ANNECY, EN COMPAGNIE D’UN CÈDRE QUI A LA FÂCHEUSE MANIE DE LAISSER TRAÎNER SES BRANCHES PARTOUT EN QUÊTE D’INDISCRÉTIONS. À EUX 2, ILS N’EN PERDENT PAS UNE MIETTE… VOICI L’HISTOIRE DU PÉLICAN, TOME 2.

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La façade du Pélican et son magnifique cèdre centenaire. ©Matthieu Cellard

Le Cèdre : Hé, le Pélican, regarde qui voilà… Ne serait-ce pas notre journaliste ?
Le Pélican : Celle qui a passé la journée avec l’historien de la ville, il y a 3 mois ?
On dirait bien, oui… Ouh là, elle vient de se réveiller, ma parole ! Elle a encore les traces de l’oreiller sur la joue. Sacrée grasse mat’ mam’zelle !! Mais il est quelle heure ?
- 15 heures… Mais rassure-toi, c’était juste une sieste, je l’ai aperçue tout à l’heure déjeunant à la terrasse
d’Ô Bon Bec… Elle avait l’air de sacrément se régaler. Je peux même te dire ce qu’elle a commandé, j’étais aux premières loges : en entrée, elle a pris l’œuf poché sur son nid croustillant de kadaïf (ça me rappelle quelque chose, mais quoi ?…) avec une purée d’haricots rouges relevée au Tabasco, accompagné d’une chiffonade de cecina. Elle a même saucé !! Et en plat, elle a craqué pour le mille-feuille de veau Orloff à la panne montagnarde, tu sais ce lard fumé fondant, qu’on sert avec l’émulsion de Beaufort. Sacré coup de fourchette, notre journaliste !! Tu m’étonnes qu’elle soit retournée dans les bras de Morphée. D’autant qu’elle est arrivée tard cette nuit…
- Et elle va où là, je te le donne en mille, mon Pélican ?
- Sous tes branches, je le sens venir… à la terrasse d’Ô Cèdre… Pff ! Tu vas encore nous en faire tout un plat…
- Parfaitement ! Et dans MON plat, vois-tu, le « Plumeau », on y trouve quelques doux nectars à siroter, avec vue imprenable sur le lac, et le soleil délicatement filtré par mes soins…
- C’est bon, on a compris… Elle va se la couler douce dans un canapé bien confortable avec une Pina Colada et le dernier roman de Pollet-Villard !
- Le roman devra attendre. Mate qui vient la rejoindre !

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Restaurant Ô Bon Bec ©MatthieuCellard

- Mais bien sûr, l’historien… Ils vont reprendre notre histoire. J’adore quand on parle de nous ! Mais je suis trop loin, là. Tu me fais une place sur l’une de tes branches que j’en profite, moi aussi ! On en était resté où la dernière fois ?
- Rappelle-toi, en laissant traîner mes branches, j’avais appris, que sur les 7 hôpitaux que comptait autrefois Annecy, sur décision du roi de Sardaigne Victor Amédée II  - on n’était pas français à l’époque ! -, il ne doit en rester qu’un : St Sépulcre (l’actuel site de Gabriel Fauré).
– Ah oui, et à la Révolution françaises, changement de camp, le site est confié à un industriel lyonnais pour y installer sa manufacture de coton, l’hôpital déménage au Grand Séminaire (aujourd’hui Conservatoire d’art et d’histoire).
- Tu m’épates, le piaf ! C’est bien ça. Mais en 1815, la Savoie repart dans l’escarcelle des rois de Sardaigne : une vraie balle de ping-pong  !!!
- Ça donne le tournis, hein ?
- En parlant de tournis, tu as vu comme nos 2 invités se défendent sur le terrain de pétanque ! Elles tournent plutôt bien les boules à l’ombre de mes branches ! Dis, tu sais faire la cigale, Pélican ?

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Sur le terrain de pétanque de Ô Cedre. ©Matthieu Cellard

– Et non… ni le cochonnet, avant que tu ne me le demandes !! Mais regarde, avec un cocktail à la main, ils ne manquent de rien. Ils sont passés au Gin maintenant, des connaisseurs… Ça va qu’elle dort sur place…
– Et qu’il habite en face.
– Tu vas voir qu’ils vont y rester tout l’après-midi !
– Du moment qu’ils ne nous laissent pas sur le carreau et qu’ils parlent de nous, moi, ça me va…
– Mais je n’entends pas bien…
– L’historien dit que l’hôpital doit quitter le Grand Séminaire. Et c’est là qu’on réquisitionne le site de l’ancien couvent des Capucins, ici même sous mes racines ! 1822, début des travaux sous la houlette de l’architecte Prosper Dunant. 1825, l’hôpital général s’installe. Mais montre vite ses limites. T’imagines : 2 salles de 10 lits chacune, c’est un peu just pour la population qui commence à s’étoffer ! Et il manque un local pour accueillir les malades d’un certain standing… On ne parle même pas des périodes d’épidémie ! Le choléra menace. Il faut s’agrandir ou déménager.
– Ou récupérer les locaux du St Sépulcre pour dispatcher les malades. – Sauf que la manufacture marche plutôt bien, et l’industriel n’a pas vraiment envie de libérer les lieux. Il propose même un prix d’or pour clore le débat…
– Emballés, c’est validé !

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Sur la terrasse de Ô Cèdre. ©Matthieu Cellard

– Ne reste donc plus que l’option : on pousse les murs ! 1858, la carrière St Bruno, non loin d’ici, s’active pour fournir les pierres nécessaires aux futurs bâtiments. 2 ans plus tard, c’est l’Annexion. La balle de ping-pong revient dans le camp français. Été 1861, la première pierre est enfin posée. Le 18 septembre 1863, l’architecte Ignace Monnet, concepteur du « nouvel hôpital » commande un fronton pour égayer la façade qui donne sur le lac. Et c’est là que tu fais ton apparition le Pélican. C’est ton portrait que Joseph Tavernier sculpte dans la pierre. Quelle drôle d’idée d’ailleurs…
- Dis, tu ne serais pas jaloux quand même ?
– Moi ? Pas du tout !!! 

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Fronton du Pélican © Mattieu Cellard

– Mais ce n’est pas vraiment un hasard si j’ai remporté le casting… Ma réputation remonte à loin, figure-toi, brindille ! Bien plus encore que tu ne l’imagines. Un bestiaire égyptien, traduit en grec au 2e siècle, dit qu’en cas de disette, le pélican - moi en somme - était capable, en s’ouvrant la poitrine, de se donner en nourriture à ses petits - euh tout bien réfléchi, il s’agit d’un vieil ancêtre, on a un peu évolué, nous aussi, depuis ! -, mais quand même, si ce n’est pas du sacrifice, ça ? Depuis, je suis le symbole de la charité. Partout à travers le monde et les époques, on retrouve des interprétations de ma légende. Des vers de Shakespeare à ceux d’Alfred de Musset, des abbayes d’Autriche aux églises savoyardes, de sculptures en vitraux, jusqu’aux blasons de quelques riches familles, d’hier à aujourd’hui, on me voit partout ! Et ici, plus qu’ailleurs, moi, le Pélican, je veille sans faillir sur les destinées des malades, de leurs familles et du personnel de l’hôpital. Et aujourdhui sur le sommeil et le bien-être de nos visiteurs. Alors, une sculpture de moi, en haut du bâtiment, c’est bien un minimum…

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Gravure de l'ancien hôpital d'Annecy © Archives Municipales d'Annecy

– Mouais… Ça va les palmes ?? Ça n’enfle pas trop ? Mais moi aussi, je peux avoir un morceau de la couverture, si Meuuuusieur le permet. Car figure-toi qu’autrefois, on avait pour coutume de planter un arbre à l’inauguration d’un édifice, pour marquer le coup. Ainsi à Annecy, pour l’école Carnot, c’est un hêtre pourpre qui prend racine en 1910. Pour la résidence des Marquisats, ce sont des séquoias qui trônent fièrement et ici, à l’hôpital, devine qui on vient chercher pour en mettre plein la vue ! Ce n’est pas toi qui remporte la palme, le piaf, mais bien moi, un majestueux cèdre libanais ! Ça t’en bouche un goitre, le pélican ?
– Oui, et c’est bien mon nom « Le Pélican » que porte l’hôtel aujourd’hui !! C’est un signe… et non un cygne ! Ah ah ah…
– Peut-être, mais reste que le bâtiment historique, celui qui donne sur le lac s’appelle bien « Le Cèdre ». Et que du haut de mes 25 mètres, j’en impose un peu plus qu’un « empiaffé ». Mais où tu vas ? Faut pas prendre la mouche comme ça, je plaisantais…
– Même pas mal… Mais pendant que tu regardes ton nombril en bois précieux, moi, je suis notre journaliste à sa prochaine destination… Et tu rates quelque chose…
– Mais elle est partie où ?
– Tourne ta branche et tu la verras dans son plus beau maillot de bain piquer une tête dans la piscine (chauffée) en contrebas de ta terrasse.
– Ah, elle a la belle vie quand même, notre envoyée spéciale…
– T’inquiète ! Elle revient sous tes branches tout à l’heure, elle a donné rendez-vous à l’historien à 18h30 sur ta terrasse, ils vont grignoter un bout tout en écoutant le groupe en live…
– Ah oui, on est vendredi ! J’adore ces soirées en musique. Pour la peine, je vais illuminer mes branches, ça fera ambiance guinguette avec le lac en toile de fond… Effet waouh garanti !
– Pas sûr qu’ils vont encore parler de nous…
-Mais si, il y a tant à raconter !

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La Piscine Ô Grand Bleu ©Matthieu Cellard

+ d’infos : hotel-lepelican.fr
Ô Bon Bec, restaurant-terrasse ouvert 7j/7 midi & soir
Terrasse Ô Cèdre, ouverte 7j/7 de 15h à 23h – Soirée DJ le mercredi & groupe live le vendredi 18h30-20h30
Ô Grand Bleu, piscine réservée aux clients de l’hôtel
Hôtel le Pélican, 20 rue des Marquisats, Annecy